La myopathie atypique

L’automne arrive à grands pas, il est donc important de refaire le point sur la myopathie atypique du cheval qui se manifeste surtout à cette période. Il s’agit d’une maladie sévère dont le taux de mortalité s’élève jusqu’à 75%. C'est pourquoi tout propriétaire de chevaux devrait être au courant et pouvoir reconnaître le fruit et surtout les symptômes d'alerte.

 

La pathologie est décrite dans plusieurs pays depuis les années 80, pour l’Europe à partir des années 2000. La cause est restée longtemps incomprise jusqu’il y a peu. Des chercheurs américains ont découvert que cette myopathie était due aux fruits de certains arbres de type érables, en particulier le sycomore et le negundo. Leurs fruits ressemblent à des ailes d’hélicoptères, contenant de l’hypoglycine A. Cette dernière, une fois ingérée, se transforme en une toxine qui rend incapable les cellules musculaires d’utiliser les lipides comme source d’énergie. Les muscles les plus utilisés seront les premiers atteints : muscles de la posture, de la respiration et du cœur. Ce manque de métabolisme engendre une souffrance cellulaire libérant ainsi de la myoglobine dans le sang, responsable de la coloration rouge-brun des urines. Il s'agit d'une maladie fulgurante pouvant tuer un cheval en moins de 24h.

 

 

Quels symptômes doivent vous interpeller ?

Les signes cliniques sont d'apparition soudaine et peuvent être confondus avec une colique.

-FAIBLESSE, chez tous les chevaux
-raideur
-abattement voire dépression
-tremblements
-signes de colique
-CONTINUE à MANGER

-couché sur le flanc, incapable de se lever
-URINES FONCEES
-muqueuses congestives (+rouge) ou cyanosées (bleuté)
-température inférieure à 36°C
-sudation
-difficultés respiratoires s'aggravant avec le temps
-Tachycardie (fréquence cardiaque augmenté >60/min)
-bruits digestifs normaux

 

Comment devez-vous réagir face à un cas de myopathie atypique ?

Pour le cheval montrant des symptômes

-Appeler le vétérinaire dans les plus brefs délais

-Déplacer au minimum le cheval car le déplacement amplifie la destruction musculaire. Idéalement, le conduire vers un abri ou une écurie le plus proche possible.

-Avoir un seau  à portée de main pour récolter les urines, cela facilitera le diagnostic du vétérinaire.

-Prendre la température du cheval. Si elle est inférieure à 37°, trouvez un moyen de le réchauffer (paille, couverture,...)

-Donner des grains par petites quantités et de l’eau sucrée. Il est important de s’assurer que votre cheval a la capacité de déglutir.

                                                               

Pour les autres chevaux de la prairie

-les rentrer à l'écurie

-les surveiller étroitement pendant 72 heures.
Un contrôle vétérinaire est souhaitable, un dosage des enzymes musculaires via une prise de sang peut être réalisé.

-proscrire le pâturage de la prairie concernée

-donner de l'eau de distribution

-les nourrir d'un mélange complet

 

Quelles mesures prendre vis-à-vis de cette pathologie ?

Les équidés qui sont le plus à risques sont ceux de moins de 3 ans, en particulier les poulains de moins de 18 mois. Les chevaux âgés, maigres, non vaccinés et non vermifugés courent également plus de risques. Les fruits des érables sont ingérés par les chevaux de manière accidentelle lorsque l’herbe se fait rare dans la prairie. Il faut donc veiller à la bonne gestion de la pâture et de complémenter en foin si besoin.

 

Il est préférable de rentrer les chevaux lorsque la météo est mauvaise, en particulier les jeunes de moins de 3 ans. Les prés avec des érables sont évidemment à gros, ceux qui n’en ont pas doivent tout de même être inspectés. En effet, le vent dispersent facilement les fruits des érables. Il est préférable que les chevaux soient en ordre de vaccination et de vermifuge. L'eau de distribution est conseillée.  L'herbe de la prairie devrait être en quantités suffisante afin que les chevaux ne cherchent pas à manger tout ce qu'il trouve. Les tas de feuilles et les crottins devraient être ramassés.

 

Aide à l’entraide

Il s'agit d'une découverte récente, c'est pourquoi nous ne connaissons pas encore tout. La quantité de fruits d'érables rendant malade ou le délai entre l'ingestion et l'apparition des premiers symptômes, n'est pas encore élucidé. Nous ne savons pas non plus la raison qui pousse ces érables à produire les toxines en plus grandes quantités. Il est donc essentiel que tout cas de myopathie atypique soit déclaré afin de pouvoir faire avancer les recherches. L'université de Liège constitue le point central de référence de cette maladie en Europe.

Vous pouvez consulter leur page :

http://labos.ulg.ac.be/myopathie-atypique/

Dr Vaessen Marie